Mieux comprendre le comportement des cigognes

Les cigognes sont de retour en Charente-Maritime ! La fin du mois de janvier et le mois de février marquent en effet le début de la période de reproduction et de nidification, pendant laquelle les couples se forment, aménagent ou « rénovent » un nid et craquettent. Ces claquements de bec, typiques du grand échassier, permettent notamment de resserrer les liens entre le mâle et la femelle.

Parade nuptiale © F. Perroux
Accouplement © F. Perroux

Bien que la cigogne blanche soit listée « Préoccupation mineure » sur la Liste Rouge de l’UICN du fait d’une population globale relativement importante estimée à plus de 700 000 individus et en augmentation, elle est impactée par la destruction de son habitat (disparition des zones humides, industrialisation, expansion de l’agriculture), le changement climatique (raréfaction de la nourriture liée aux sécheresses à répétition) ainsi que par l’utilisation excessive des pesticides.

Lors de la migration, elle est aussi victime d’électrocutions provoquées par les collisions avec les lignes électriques aériennes.

Couple de cigognes dans un nid © F. Perroux

En fin d’année dernière, Palmyre Conservation a démarré le financement d’un nouveau programme de recherche conduit par les équipes de BioSphère Environnement et le Centre d’Etudes biologiques de Chizé (CEBC) destiné à mieux comprendre le comportement migratoire des cigognes grâce à un suivi par balise GPS. Les données collectées permettent de documenter les différents habitats utilisés par les oiseaux lors de leurs déplacements mais aussi d’étudier la façon dont elles s’adaptent aux différents changements qu’ils soient climatiques ou paysagers avec l’assèchement des zones humides. Selon les responsables du programme, « l’état des populations de cigognes blanches est en effet étroitement lié à l’état de conservation des habitats qu’elles utilisent ».

Cigogne équipée d'une balise GPS © Raphaël Musseau/BioSphère Environnement

Le département de Charente-Maritime est le premier département de France en nombre de couples reproducteurs de cigognes blanches et en nombre de jeunes à l’envol[1], devant le Haut-Rhin et le Bas Rhin. Il abrite aujourd’hui environ 15% de la population française soit plus de 650 couples nicheurs dont environ 130 établis à demeure dans notre département. Un succès qui s’explique par un climat favorable et un habitat idéal constitué de milliers d’hectares de marais où les cigognes trouvent une nourriture abondante : petits rongeurs, insectes et surtout l’écrevisse de Louisiane. Ce crustacé invasif introduit par l’homme dans les années 70 est aujourd’hui une véritable calamité pour les zones humides et notamment les populations de poissons et batraciens, mais il constitue un réservoir exceptionnel de nourriture pour les cigognes[2] dont elles sont particulièrement friandes.

Si elle présente un intérêt scientifique indéniable, la démarche de BioSphère Environnement et du Centre d’Etudes biologiques de Chizé qui pilote par ailleurs depuis longtemps un important programme de recherche sur la biologie de la reproduction de l’espèce, permet aussi de sensibiliser le grand public à la préservation de cet oiseau emblématique en lui faisant découvrir son mode de vie et l’environnement dans lequel il évolue. Grâce à une application spécifique, il est en effet possible de suivre en temps réel les cigognes équipées de balises et de consulter leurs dernières positions connues ! Les oiseaux sont suivis en période de reproduction, de migration et d'hivernage, avec une étude précise de leurs comportements pour la recherche de nourriture grâce aux capteurs de mouvements embarqués dans les balises (accéléromètres).

A l’heure actuelle, 13 cigognes sont équipées de dispositifs GPS collectant des informations sur la position géographique, l’altitude, la vitesse ou encore la température. L’objectif est d’équiper davantage d’oiseaux afin d’accroître le nombre de données collectées et de mieux comprendre comment la cigogne parvient à s’adapter aux changements de son environnement.

Trajet migration © BioSphère Environnement/CEBC


[1] Source LPO.

[2] https://www.lpo.fr/la-lpo-en-actions/conservation-d-especes-menacees/especes-prioritaires/cigognes/cigogne-blanche