Ombrette africaine
Ombrette africaine
-
Classe
Oiseaux -
Ordre
Pélécaniformes -
Famille
Scopidés
-
50-56 cm -
415 à 430 g -
28 à 30 jours -
3-7 œufs -
20 ans
-
Alimentation
carnivore (amphibiens, petits poissons, crustacés, insectes, vers) -
Habitat
zones humides arborées -
Répartition géographique
Afrique subsaharienne et Madagascar -
Population en milieu naturel
Unknown
L’ombrette africaine est un échassier de taille moyenne au plumage brun sépia avec des reflets violacés sur le dos. Son nom anglais « hamerkop » (ou « hammerhead ») signifie « tête de marteau » en Afrikaans : de profil, la forme de sa tête avec son long bec épais et sa huppe pointant vers l'arrière rappelle en effet un marteau ou une enclume.
Seule espèce du genre Scopus, elle a longtemps été considérée comme faisant partie de l’ordre des Ciconiiformes, avant d’être classée parmi les Pélécaniformes. Certaines habitudes et comportements uniques à l’ombrette, mais aussi ses similitudes physiques avec plusieurs familles d’oiseaux (griffe en forme de peigne comme chez les hérons, doigt postérieur libre comme chez les flamants roses, protéines du blanc d’œuf similaires à celle des cigognes, ectoparasites comparables à ceux des pluviers), ont poussé les taxonomistes à la placer dans sa propre famille monospécifique : les Scopidés. Des analyses ADN la positionnent entre les hérons et les flamants roses, non loin des cigognes et des becs-en-sabot du Nil, ses alliés traditionnels.
Carnivore, l’ombrette africaine consomme principalement des amphibiens et des petits poissons, agrémentés parfois de crustacés, d’insectes, de vers et occasionnellement de petits mammifères. Elle se nourrit dans les eaux peu profondes en raison de ses pattes et de son cou relativement courts. Elle se déplace au milieu de la végétation aquatique, sondant la vase à la recherche de ses proies. Fait remarquable : elle est aussi capable de les attraper en volant à la surface de l’eau, grâce à sa faible charge alaire.
Sédentaire et territoriale, elle vit généralement seule, en couple ou en petits groupes d’une dizaine d’individus. Des regroupements d’une cinquantaine d’oiseaux peuvent parfois être observés. Active le jour et au crépuscule, elle se repose dans les arbres aux heures les plus chaudes de la journée.
L’ombrette construit un nid en forme de dôme, particulièrement complexe et imposant par rapport à sa taille. Fait de milliers de brindilles agglomérées et scellées avec de la boue et de l’herbe, il est généralement installé dans un arbre de grande taille et peut atteindre 1,5 de haut et de large pour un poids de près de 50 kg. Les deux adultes participent à sa construction qui prend entre 3 et 6 semaines. Bâtisseuse compulsive, l’ombrette peut construire 3 à 5 nids sur son territoire. Elle ne les occupe pas forcément, certains ne sont d’ailleurs jamais achevés. La raison qui pousse l’espèce à dépenser autant d’énergie dans la construction de plusieurs nids reste floue mais le fait que les constructions ne soient, en outre, pas forcément corrélées à la reproduction laisse penser que cela pourrait servir à renforcer le lien entre le mâle et la femelle. Une ouverture étroite située à la base du nid et prolongée par un tunnel d'une soixantaine de centimètres donne accès à une chambre centrale creuse d’une quarantaine de centimètres de large sur 60 cm de hauteur, protégeant les oisillons des prédateurs. Leur incursion à l’intérieur est en effet rendue plus difficile mais pythons et varans restent des menaces sérieuses. Les chouettes effraies et les grands-ducs de Verreaux usurpent parfois les nids d’ombrettes alors qu’ils sont en cours de construction, tandis que les passereaux aiment y aménager leur propre nid.
La femelle peut pondre jusqu’à 7 œufs qui sont incubés alternativement par le couple pendant une trentaine de jours. Les jeunes possèdent un duvet gris rapidement remplacé par des plumes. Leur crête commence à se développer au bout de 6 jours et à l’âge d’un mois, leur plumage est quasi identique à celui des adultes. Nourris par les 2 parents, les petits quittent le nid vers l’âge de 47 jours mais retournent régulièrement s’y percher au cours du mois suivant.
L’ombrette africaine est associée à de nombreuses croyances et superstitions. Dans la mythologie africaine, quiconque s’attaque à un nid d’ombrette sera frappé par la foudre, d’où son nom «d’oiseau-foudre». Sa réputation d’oiseau « magique » est peut-être également due à son nid impressionnant fait de végétaux mais aussi de morceaux d’os, de peau ou d’objets d’origine humaine, et d’où émergent parfois une multitude d’espèces différentes comme des serpents, des abeilles, des genettes ou des varans. La crainte et le respect qu’elle inspire la mettent ainsi à l’abri des persécutions humaines.
